Les luminiers.
"Luminier", ce n'est pas un ancien métier mais une charge paroissiale que vous avez sûrement rencontré!
Je reprends là un message que j'avais commis ailleurs…
Si, par hasard, vous vouliez connaître le sens de "luminier" et de "la luminaire", voici ce que j'ai envie de vous dire en espérant que se sera corrigé et amplifié par ceux qui savent.
Nous sommes bien avant l'invention de l'ampoule électrique (1878) par Thomas Alva Edison qui reprenait d'ailleurs des réalisations de ses prédécesseurs...
Nous sommes au temps des chandeliers, des ciergiers, des ciriers et autres fabricants et marchands de bougies.
Alors le "chandelier" vendait ou fabriquait (souvent les deux) des "chandelles" : "Petites ou longues tiges de suif, de résine ou de toute autre matière grasse et combustible, entourant une mèche" (Larousse du XX°) Le "ciergier" ou "cirier", était un fabricant ou un marchand de cierges "longues chandelles de cire que l'on brûle dans les églises" (id.) Les bougies, elles, étaient fabriquées avec de la cire ou des matières fusibles, telles que l'acide stéarique et le blanc de baleine.
Tous ces métiers et leur corporation, en tant que fournisseurs de lumière, étaient, en quelque sorte, les ancêtres de l'E.D.F. !
Alors qu' était un "luminier" ?
Au départ c'était l'homme chargé d'entretenir le "luminaire" de l'église, le "luminaire" étant "l'ensemble des lumières qui composent l'illumination d'une cérémonie religieuse ou d'un lieu de fête".
(Larousse)
Nos églises romanes du Moyen-Âge n'avaient pas de grandes verrières et d'autre part les messes se célébraient tôt le matin, alors qu'il ne faisait pas forcément clair, car il était de règle que tous ceux qui communiaient, donc obligatoirement le prêtre célébrant, soit à jeun depuis la minuit précédente...
Il fallait donc éclairer les églises et cela devait représenter une certaine responsabilité et une dépense assez conséquente.
Appelé à gérer la provision et l'achat des cierges, gros poste de dépense dans une paroisse, le "luminier" en est venu à gérer les finances de l'église et l'administration matérielle de la paroisse, sous la tutelle du Curé, seul maître à bord après Dieu, si possible...
Mais alors le "luminier" n'était pas seul, il était le président d'un conseil qui l'entourait, les membres de ce conseil s'appelaient les "recteurs".
J'ai trouvé à Bans, près de Givors, l'acte de décès de Fleury ROLLAND (+ le 24/10/1684), ancêtre de ma Fenotte, disant ceci :
"a fait dans l'Eglise dud. BANS durant son rectorat des réparations considérables, telles que la sacristie, les peintures, le retable et autres choses nécessaires." (voir actes en note)
Le "luminier" et son conseil étaient recruté parmi une certaine élite de la paroisse. Il valait mieux que chaque membre sache lire ou au moins... compter ! Et quand on voit le nombre de nos ancêtres qui ne savaient pas signer leur nom... C'est ce conseil présidé par le "luminier" que l'on a appelé, au moins dans certains endroit, "la luminaire" mais le mot, employé ainsi au féminin, ne se trouve plus dans les dictionnaires...
Si nous n'avons plus guère de traces de "La luminaire" , en revanche, son équivalent les "conseils de fabrique" composés de "fabriciens"
sont plus connus. Institués en 1311, ils existèrent jusqu'en 1905, date à partir de laquelle le curé seul géra les finances de la paroisse selon les directives du diocèse. Mais depuis 1983, le nouveau code de droit canonique prescrit l'établissement d'un "conseil des affaires économiques" dans chaque paroisse.
Le "conseil de fabrique" était donc chargé de l'administration financière et matérielle de la paroisse. Parmi les fabriciens figuraient les "marguilliers" chargés du registre des pauvres de la paroisse et de l'aide à leur apporter (Marguilliers vient du latin "matricularius", matricule). Ensuite le bureau des "marguilliers" (dignitaires de la Fabrique) que le Curé présidait devint l' exécutif du Conseil de fabrique. Le Conseil de fabrique était élu par les paroissiens.
(Dans certains monastères on donna aussi le nom de marguillier au moine qui aidait le moine sacristain...)
Ce conseil était appelé "de fabrique" car ce mot désignait alors tout ce qui était création manuelle et notamment la construction de bâtiments donc d'une église et de là son sens glissa à l'argent nécessaire pour la construction, puis à l'entretien, la gestion des biens etc...
Voilà ce que je peux vous dire, mes petites "lumières"... ;-))
Cordialement.
Marc.