TARTARAS
D'après les actes paroissiaux 1673-1792

 

III. Les gens de Tartaras et leurs métiers à travers les actes. :

3. Les notables.

  • Les gens de la santé.

    Après le monde judiciaire, passons à celui de la santé, il est infiniment plus réduit…
    Parler ici d' un monde relève de la caricature ou, pour le coup, de la "tartarinade" !

    A l' époque, à la campagne surtout, alors que toutes les découvertes dans le domaine de la santé sont à faire et que la maladie menait bien souvent inexorablement à la mort, l'équipement médical est très pauvre (Il semblerait, hélas, que ce genre de pauvreté réapparaisse aujourd'hui loin des villes !...).

    Nous trouvons un acte de sépulture concernant un apothicaire en la personne de Benoît JOSSAN :

    Sr Benoit JOSSAN M° apoticaire agé d'environ quatre vingt quinze ans décédé hier après avoir reçu tous les sacrements requis a été inhumé dans l'église paroissiale de Tartaras par moi curé soussigné le quinze février mil sept cent trente quatre en présence de Messire Jean Baptiste NAZ de St Marcel prêtre et de Guillaume JOURNOUD qui n'a scu signer.
    PAUREL Curé.

    Mort à 95 ans, cet homme devait user de bons remèdes ou plutôt, par prudence sans doute, d'aucun de ceux qu'il préparait !

    Nous ne trouvons pas à Tartaras d'autres traces de ces ancêtres de nos pharmaciens. L'apothicaire préparait les remèdes prescrits par le médecin et administrés par le chirurgien. Ces remèdes faisaient appel à de multiples plantes et autres extraits, le prix de ces substances donnait lieu à… des "comptes d'apothicaire" ! L'apothicaire était aussi chargé d'administrer les clystères ou lavements… Etait-ce pour faire passer le tout ?

    Nous avons aussi un Maître chirurgien au Bourg de Dargoire.
    Il s'agit de Claude BRUGIERE. Nous le voyons apparaître lors de son mariage le 3 février 1682. Il a le titre de Sieur et son père est Maître chirurgien et pharmacien de Montbrison, son épouse, Demoiselle Françoise PALLUAT, est la fille de Philippe et Marie TIXIER et sœur de Charles PALLUAT que nous avons rencontré comme procureur. Nous le retrouvons par la suite au baptême de ses 4 enfants jusqu'en 1688, puis en 1696 lors du décès de sa fille Marie, en 1720 lors du décès de son épouse et en 1723 lors du décès de sa fille Catherine. Les actes de Tartaras ne nous renseignent pas sur son décès.

    En 1682, M° DENUZIERES, M° chirurgien, qui ne semble pas être de Tartaras, intervient pour sauver en vain un enfant en pratiquant une césarienne sur une mère morte au cours de son accouchement, nous y reviendrons plus tard…

    Le "maître chirurgien" occupait un poste inférieur à celui du médecin, un peu comme l'infirmier de nos jours. Le chirurgien devenait "maître" après six ans de services hospitaliers et un examen devant la Chambre du Conseil. Son rôle consistait à dispenser les soins courants à l'époque, pansements, ventouses, saignées, prescrits par le médecin. A la campagne, il devait sans doute intervenir aussi auprès des accidentés de toutes sortes et comme nous l'avons vu, en cas d'accouchement difficile éventuellement. (1)

    Nous ne rencontrons pas de médecin à Tartaras.
    Quant aux vétérinaires il ne saurait en être question… c'est en janvier 1762 que Claude BOURGELAT ouvre la première école vétérinaire de France dans le quartier de la Guillotière à Lyon, il faudra donc encore de nombreuses années pour que ces médecins aient leur place dans les campagnes.

    J'ai lu, je crois, qu'il y eut autrefois (quand ?) un hôpital à Rive-de-Gier et aussi à Dargoire… Mais on n'en trouve pas trace dans les actes de Tartaras. Les hôpitaux de l'époque n'étaient en fait que des "hospices" pour infirmes ou vieillards sans famille, nous pourrions même dire des "mouroirs" comme au temps de la peste… Il ne fallait pas en attendre des soins très efficaces contre les maladies !


  • Un maître d'école ?

    Avant de refermer ce chapitre sur les notables, il nous faut signaler encore la présence d'un maître d'école qui s'appelait Jean TROUILLET, signalé juste à son décès en 1679, mais faisait-il partie des notables ?
    ce n'est pas si sûr…

    Y avait-il une école à proprement parler à Tartaras ? Ce n'est pas sûr non plus quand on sait que c'est seulement en 1667 que s'ouvre à Lyon, dans le quartier Saint Georges, la première des "Petites Ecoles", ancêtres de nos écoles primaires et œuvre de Charles Démia, prêtre du diocèse (1637-1689).

    Mais Jean TROUILLET, qui semble célibataire, réunissait peut-être autour de lui quelques enfants pour leur apprendre les rudiments de la lecture de l'écriture et du calcul…

    Nous savons aussi que certains curés pouvaient prodiguer un certain enseignement en plus du catéchisme. Charles BOSSU, comme nous l'avons vu, reçut probablement son premier enseignement de Messire AUQUIER.

    En toutes hypothèses, si nous nous penchions sur ceux qui savaient signer leur nom, nous verrions que cette instruction rudimentaire n'était que le fait que de quelques-uns, hommes surtout et de milieu aisé…


Ici prend fin ce que les actes de Tartaras avant la révolution pouvaient nous inspirer sur les "notables".


NOTES :

(1) Voir : "Rapide histoire des chirurgiens" M-R (Généagier mars 2007)

Marc ROCHET