TARTARAS
D'après les actes paroissiaux 1673-1792

 

III. Les gens de Tartaras et leurs métiers à travers les actes. :

7. Les gens du charbon de terre, où sont-ils ?

    Nous sommes placés ici devant une énigme historique, allons-nous pouvoir la résoudre ? Si nous nous fions à certains écrits, Tartaras serait depuis longtemps un lieu d'extraction du charbon.

    Dans la grande encyclopédie du Forez et des communes de la Loire, livre déjà cité, nous pouvons lire par exemple : "Dans sa "description générale de Lyon et du Lyonnais", Nicolas de Nicolay écrivait à la fin du XVI° siècle : "Tartaras, petit village en rochers, en assez maigre païs, sans fort, il s'y tire ordinairement grande quantité de charbon. A MM. de Saint-Jean de Lyon".

    Et encore : "Au mois de mai 1762, J. Lemaître, marchand à Saint-Etienne-en-Forez, découvrit d'abondantes mines de houille à Dargoire et à Tartaras, ainsi qu'en témoigne la déclaration faite conformément à l'arrêt du conseil d'Etat en 1744 et qui portait règlement pour "l'exploitation des mines de houille ou charbon de terre".

    De son côté Gérard Chaperon dans "Le bassin minier de la vallée du Gier", livre important déjà cité, écrit p. 6 : "Tout proche de Rive de Gier, l'exploitation de la houille est signalée à Tartaras dès 1555." Et bien plus loin p. 231 : "La découverte de la houille à Tartaras et à Dargoire est le fait de J. Lemaître, marchand à Saint-Etienne qui, au mois de mai 1752, en informe les autorités."

    Même si nous notons au passage qu'il est curieux que le charbon soit exploité dès 1555 et découvert seulement en 1752, nous pourrions, forts de ces textes, nous attendre à ce que soient mentionnés dans les actes paroissiaux de Tartaras, des hommes exploitant ce charbon local…

    Or nous ne trouvons qu'un seul acte qui pourrait répondre à cela et encore… :

    Ce jourd'hui 11 novembre 1696 par moi curé de St Pierre de Tartaras soussigné a esté baptisé dans l'église dudit lieu Jean FAVIER fils légitime de Mathieu FAVIER fouilleterre de charbon de pierre habitant audit lieu et Louise GILIBERT, né ledit jean le mesme jour environ trois heures du matin. Ses parrain et marraine ont esté Jean PERUSSEL et Jeanne GILIBERT femme de Paul TOULOT sa tante maternelle en présence d'Antoine BUREL sonneur de cloches et Balthazard PRIVAS luminier qui n'ont sçeu signer.
    BARREYRE Curé.
    (Photo 228)

    Ce nom de "fouilleterre de charbon de terre" est certes assez joli, mais que représente-il exactement ? Etant donné la date assez ancienne de l'acte, il ne désigne pas un mineur à proprement parler, mais, plus justement, quelqu'un qui récolte le charbon affleurant à la surface du sol ou l'exploite dans une carrière…

    Les actes nous apprennent encore que ce Mathieu FAVIER s'était marié à Tartaras le 14 février de la même année, et que s'il habitait maintenant Tartaras, il était originaire de Saint Genis Terrenoire. Or, toujours d'après Gérard Chaperon, "le nom de Saint-Genis-Terrenoire est mentionné dans les terriers dès 1187 comme étant une région ou la houille affleure la surface du sol". Alors notre Mathieu était-il, à Tartaras, toujours "fouilleterre" ou ancien "fouilleterre" de Saint-Genis-Terrenoire ? Il n'est plus question de lui dans la suite des actes…

    Si les actes ne permettent donc pas d'établir avec certitude une exploitation du charbon à Tartaras avant la Révolution, ils nous livrent cependant le nom de deux hommes employés des mines, l'un à Saint Chamond, l'autre à Rive de Gier et venus, malades, mourir à Tartaras, il s'agit de Mathieu MARTOURET, journalier, et de Nicolas MODO, receveur :

    Mathieu MARTOURET journalier dans les mines de charbon habitant de la parroisse de St Chamond agé d'environ 53 ans décédé hier en cette parroisse en se retirant malade des mines de charbon de Montron audit St Chamond, après y avoir reçu les sacrements a été enseveli gratis pro deo dans le cimetière et par moi soussigné curé de la paroisse de Tartaras le vingtième d' aoust mil sept cent soixante et treize en présence de Claudine MATHEVON, Jeanne Marie MARTOURET l'une sa femme l'autre sa fille, de François Joanon son gendre, de Jean PRIVAS et Pierre TONNERIEUX vignerons dudit Tartaras qui ont tous déclaréne savoir signer de ce enquis et du soussigné.
    AUQUIER Curé.
    (Photo 281)

    Sieur Nicolas MODO originaire de Pont a Mousson en Lorraine où il a dit avoir une épouse et une fille d'elle, cy devant receveur pour la Compagnie dans les mines de charbon de pierre de Rive de Gier et détenu malade depuis deux mois chez Mr NOVALLET bourgeois demeurant au Bourg de Dargoire parroisse de Tartaras décédé avant hier après avoir reçu ses sacrements a été enseveli dans le cimetière de Tartaras par moi soussigné curé dudit lieu le deux janvier mil sept cent soixante et dix huit, agé d'environ quarante deux ans en présence de Mre Cézar SAVOYE prêtre et vicaire de Dargoire prié d'assister à cet enterrement de Guillaume DESGRANGES maréchal ferrant audit Dargoire, de Jean Pierre POINT garçon cordonnier audit Bourg et de plusieurs autres personnes et domestiques dudit Sr NOVALLET, ledit Mre SAVOYE a signé non les autres pour ne savoir de ce enquis comme ils l'ont déclaré.
    AUQUIER Curé.
    (Photo 312)

    Pour conclure ce petit chapitre, disons, sans trop de risque de nous tromper, que le charbon de Tartaras dont l'existence était sans doute connue depuis longtemps et qui était peut-être ramassé à la surface du sol pour un usage domestique, ne fut vraiment exploité ici qu'après la période que nous étudions : Ce sera alors, au XIX° siècle, "la Concession de Tartaras et Dargoire".

8. Une activité particulière pour les femmes, les enfants en nourrice.

    Les actes de décès mentionnent à Tartaras de nombreux enfants en nourrice ou, comme il est dit à la fin du XVII°, "nourris de mamelle" chez un tel ! (Nous notons au passage, la prépondérance de l'homme en toute chose : autre temps, autres mœurs...)

    Et cette "activité" est assez importante et générale, pour que nous y arrêtions un peu afin d' étudier la demande des parents et l'offre des nourrices.

    La demande vient surtout de la grande ville, Lyon en l'occurrence.

    L' Hôtel-Dieu puis Hôpital de la Charité recueillaient les enfants orphelins ou abandonnés de Lyon, et nous savons qu'ils les plaçaient en nourrice dans les campagnes environnantes, depuis leur accueil jusqu'à l'âge de 6 ans avant 1700, jusqu'à 10 ans par la suite et jusqu'à 14 ans à partir de 1758. (1)

    Or, si les actes de décès de certaines paroisses, comme Saint Martin en Haut, Larajasse ou Pélussin par exemple, gardent la trace de ces enfants mourant en grand nombre, ce n'est pas le cas, curieusement, de St Pierre de Tartaras. Les très nombreux enfants placés en nourrice et mourrant ici n'étaient ni abandonnés ni orphelins, ils étaient, pour la plupart, les enfants de parents bien identifiés, vivant et travaillant à Lyon.

    Il était de coutume, en effet que les enfants des villes, dans tous les milieux, mais surtout dans les familles d'artisans, comme nous allons le voir, soient placés en nourrice à la campagne, au bon air et loin des risques que leur faisaient courir le manque d'hygiène des habitations urbaines, et ainsi les mères, épouses d'artisans, pouvaient continuer leur travail avec leurs maris : C'était là un impératif économique !

    Françoise Bayard dans "Vivre à Lyon sous l'Ancien Régime" (Perrin 1997), écrit ces lignes qui éclairent bien notre sujet :

    "Au cours du XVIII° siècle, le nombre d'enfants placés par leurs parents ne cesse d'augmenter. Les raisons invoquées pour cette généralisation sont diverses. Pour les élites, les enfants doivent profiter du bon air de la campagne. Pour les couples d'artisans, de boutiquiers ou d'ouvriers, dans lesquels les femmes ont une activité comme les maris, il faut quelqu'un qui puisse nourrir le bébé et s'occuper de lui. Seuls échappent à la mise en nourrice les enfants des chapeliers ou des affaneurs : leurs mères travaillent, mais leurs métiers, dévideuses dans la soierie, brodeuses, revendeuses, rapportent tellement peu qu'elles n'ont pas intérêt à placer leur progéniture et à payer une nourrice. Les prix pratiqués pour cette garde varient selon les lieux. Les plus proches de la ville (jusqu'à une vingtaine de kilomètres) sont les plus chers, ils sont donc réservés aux parents les plus fortunés. Les pauvres et les hôpitaux sont obligés d'aller plus loin."

    Cette dernière phrase explique peut-être pourquoi, Tartaras n'étant pas très éloigné de Lyon (moins de trente Km de nos jours par la D 42), nous n'y trouvons pas d'enfants mis en nourrice par les hospices.

    Dans les actes paroissiaux de Tartaras nous pouvons trouver 157 décès d'enfants en nourrice sur 447 décès d'enfants de 0 à 2 ans, et comme il est permis d' espérer que les enfants en nourrice ne mourraient pas tous, cela représente un nombre important d'enfants accueillis et auxquels les nourrices destinaient la moitié de leur lait après la naissance de leurs propres enfants.

    Ces 157 enfants, à quelques exceptions près, sont tous de parents lyonnais, seuls neuf viennent d'ailleurs.

    Ces derniers sont les enfants d'un vigneron de Trêves, d'un teinturier de Condrieu, d'un granger et d'un laboureurde St Jean de Toulas, d'un Tisserand et d'un marchand de Dargoire, d'un marchand de Rive de Gier, d'un cabaretier de St Maurice et d'un vigneron de St Romain en Gier.

    D'après tous ces décès, il semble que les enfants soient mis en nourrice en général dès leur naissance et jusqu'à deux ans : Le plus jeune meurt à 4 jours, les plus âgés meurent à deux ans, un seul à 26 mois, ils sont alors sevrés. Tout ceci est encore corroboré par Françoise Bayard qui écrit : "Ils restent en général deux ans à la campagne puis ils reviennent en ville…"

    Nous reparlerons, dans un prochain chapitre, de la mortalité en général et de la mortalité infantile en particulier… Pour le moment regardons simplement quels lyonnais confiaient leurs enfants à Tartaras et quelles familles les accueillaient.

    Les actes de décès nous indiquent l'activité de 135 pères ou mères de ces enfants. Le plus grand nombre travaillaient, bien sûr, dans la Grande Fabrique de la soie (2). Nous trouvons ainsi 12 marchands fabricants, 15 maîtres ouvriers, 14 ouvriers, un veloutier, 4 fabricants ou ouvriers en bas de soie, 4 "taffetatiers" (3), 7 "satinaires" et marchands satinaires (4), une liseuse de dessin. A ceux-là s'ajoutent 3 teinturiers, 14 passementiers, 5 guimpiers et marchands guimpiers, un marchand ferrandinier (5), un faiseur de métier de bas de soie et un maître emballeur.

    Puis viennent 3 marchands indéterminés, 3 boulangers, 3 maîtres chapeliers, 2 cordonniers, 2 porteurs de chaise, 2 maîtres menuisiers. Enfin nous trouvons encore beaucoup de métiers à l'unité : Marchand de vin, hoste, marchand cabaretier, épicier-chandelier, marchand clinquaillier (quincailler), cordier, épinglier, marchand boutonnier, marchand toilier, tailleur d'habit de peau et "culotier", marchand fripier, marchand en dorure, marchand libraire, imprimeur, jardinier, pêcheur, maquignon, maître sculpteur, tailleur de pierre, peintre, maître balancier, maître coutelier, bennier, maçon, maître serrurier, maître fondeur. La plupart des parents sont donc des artisans et des commerçants. Autrement nous ne trouvons que 2 bourgeois, un huissier, un "procureur es cours", un conseiller du Roi et un docteur en médecine.

    Si les gens de l'élite sociale lyonnaise plaçaient aussi leurs enfants en nourrice, ils devaient donc le faire en d'autres lieux que Tartaras, peut-être là où se trouvaient leurs résidences de campagne, leurs "maisons des champs"…

    Dans les actes les plus récents, sont indiquées les rues où travaillaient et habitaient ces parents (6). Elles se situaient naturellement dans les quartiers ou paroisses les plus habités et industrieux de la ville : St Paul St Pierre le Vieux et St Georges sur la rive droite de la Saône, mais surtout dans le nord de la presqu'île : St Nizier, la Platière, St Pierre St Saturnin, St Vincent, au bas de la Grande Côte, quelques uns habitaient aussi dans le faubourg de la Guillotière…(7)

    Comment se faisaient le recrutement et l'acheminement des enfants ?

    Les actes ne nous en disent rien, mais, pour le recrutement, on peut penser que le bouche à oreille devait bien fonctionner dans une ville où les quartiers ressemblaient à des villages, d'autant plus que, comme nous le verrons dans le chapitre suivant, de nombreux Tartarinaires s'étaient établis à Lyon dans des métiers semblables et dans les mêmes paroisses. Nous trouvons aussi des enfants lyonnais placés en nourrice dans leur parenté de Tartaras. Pour l'acheminement des enfants, quand les parents ne pouvaient pas les accompagner eux-mêmes, les nombreux voituriers qui faisaient la route vers Lyon et en revenaient, devaient s'en charger. Nous trouvons d'ailleurs des enfants pris en nourrice chez une dizaine d'entre eux. Remarquons que ce transport de nouveaux-nés ne devait pas être neutre dans hécatombe dont ils étaient les victimes !…

    Qui étaient les nourrices ?

    Rares sont les cas où elles sont nommées, les femmes n' ayant pas beaucoup d'existence par elles-mêmes en ces temps-là, on ne mentionne que leurs maris…

    alors qui étaient ces maris de nourrices ? En recherchant dans les actes leur situation dans la société, nous trouvons pour 98 d'entre eux, 74 gens de la terre (soit 30 vignerons, 13 laboureurs, 7 gens de labeur, 7 fermiers ou grangers, et 17 journaliers), 10 voituriers et 14 artisans (soit 2 maçons-charpentiers, 1 forgeron, 2 maréchaux, 4 tisserands,1 maître tailleur d'habits, 1 cordonnier, 2 boulangers, et 1 marchand boucher).

    Il n'est pas étonnant que les gens de la terre, et parmi eux les vignerons, arrivent en tête, car ils étaient de loin les plus nombreux dans cette société rurale. Nous remarquons aussi que les épouses de 17 journaliers, sur 28 recensés, prenaient des enfants en nourrice, ce qui semble indiquer que cette catégorie très pauvre avait, plus que les autres, besoin de cette activité pour survivre. Nous remarquons encore que, contrairement à Lyon, les femmes de 14 artisans avaient le temps non seulement d'élever leurs enfants mais encore d'en prendre en nourrice ! Enfin, nous avons bien noté qu'il y avait parmi les nourrices 10 femmes de voituriers, ces gens qui avaient le contact facile avec la ville et dont le métier n'était sans doute pas partagé par leurs épouses.

    Pour toutes ces familles, souvent surchargées d'enfants, les motivations de l' accueil de nourrissons ne pouvaient être que d'ordre pécuniaire, surtout quand on sait combien les revenus à la campagne étaient aléatoires, nous avons bien vu cela en lisant les "notes de Messire BERNARD curé des Haies". Ces "gens de la terre" trouvaient là des compléments de ressources souvent bien nécessaires voire indispensables.

    Cet accueil en nourrice semble avoir été une activité habituelle chez plusieurs familles à chaque maternité. Certaines accueillaient même plusieurs nourrissons en même temps. 27 familles sont citées plusieurs fois : 22 citées deux fois, 2 citées trois fois (il s'agit de 2 journaliers), 2 citées quatre fois (il s'agit d'un vigneron et d'un journalier), une citée six fois (il s'agit d'un laboureur).

9. Des activités de service paroissial : Luminiers et tireurs de corde.

    Le fonctionnement de la paroisse n'était pas laissé au seul curé même si ce dernier était l' autorité suprême à cet échelon ecclésial.

    Nous savons que l'administration financière était confiée au "luminier" qui était élu pour un temps et choisi parmi les paroissiens de bonne réputation et assez aisés. C'était une charge mais aussi un honneur et le "luminier" appartenait le plus souvent au monde des notables. Avec le conseil de fabrique, il gérait l'entretien des bâtiments paroissiaux mais aussi les secours alloués aux pauvres. Il faut espérer qu'il devait savoir compter… mais les actes de Tartaras montrent qu'il n'était pas obligé de savoir écrire et signer son nom !

    A Tartaras, ce personnage est souvent nommé sur les actes des enterrements quand personne d'autre n'est là pour servir de témoin… C'est ainsi que nous rencontrons 36 fois Jacques MERLE comme "luminier" entre 1683 et 1693 et une fois Philippe PRIVAS en 1694. Jacques MERLE était sans doute le forgeron qui mourut le 23 janvier 1710, il ne savait pas signer. Philippe PRIVAS est laboureur et vigneron, il signe d'une belle écriture. Dans l'acte de décès de Maître Jacques JARRASSON (JARROSSON), notaire royal, le 6 octobre 1733, il est écrit qu'il fut "inhumé dans l'église de Tartaras du consentement du luminier" et nous trouvons la même mention dans l'acte de décès, le 23 janvier 1735, du petit Ennemond BRET, preuve que ce personnage décidait de tout ce qui touchait aux bâtiments paroissiaux…

    Les tireurs de corde ou sonneurs de cloches apparaissent encore plus souvent comme témoins. Comme les mêmes noms semblent revenir pour cette fonction, nous pouvons imaginer que ce rôle leur était attribué ainsi que les différentes tâches de sacristain, cette activité étant parallèle à un autre métier : La plupart sont en même temps vigneron... Fournissaient-ils le vin de messe ?!

    Entre autres nous trouvons Antoine BUREL (34 fois), Jacques MERLE (l'ancien luminier, 25 fois), Antoine PAVY (33 fois), André VALLUIS (15 fois), Pierre TONNEYRIEUX (22 fois) et surtout Jean PRIVAT (142 fois !).

    Nous avons vu que les cloches rythmaient la vie à la campagne et les tirer n'était pas seulement une tâche occasionnelle mais devait demander une certaine disponibilité permanente. Les sonneries de cloches de nos jours ont pratiquement déserté les villes et à la campagne leur électrification et programmation ont fait disparaître ces emplois depuis bien longtemps !

    Pour mémoire, il faut encore signaler la mention d'un "fossoyeur". Il dut y en avoir beaucoup d'autres vu le nombre de décès ! Mais il n'est pas sûr que ce travail ait fait l'objet d'une charge spéciale… à la campagne, creuser un trou n' est-il pas à la portée de chacun ?

    Il s'agit de Jean DUCHEMIN, originaire du Velay et travaillant aussi comme journalier chez M. NOVALLET. On ne savait pas bien son nom exact, on devait l'appeler "le Jean", on ne sait pas non plus qui a creusé sa tombe !

    Sépulture Jean DUCHEMIN ou DUCHAMP Le onze décembre mil sept cent quatre vingt cinq, je soussigné curé de Tartaras ai enseveli dans le cimetière de ladite parroisse un fossoyeur travaillant comme journalier en cette parroisse chez Monsieur NOVALLET, qui se disait originaire du Vellai, et se nommait Jean DUMEMIN ou PIONNIER, d'autres ont dit DUCHAMP, décédé hier après avoir reçu ses sacrements, et paraissait agé de 50 à 60 ans, en présence de Jean Etienne DURAND, Antoine VALLUIS, qui ont déclaré ne savoir signer et autres domestiques dudit Mr NOVALLET desquels ont signé les suivants
    Pierre BALLEY Jean ROSSAY (?) AUQUIER Curé.
    (Photo geneagier 378)


    NOTES :

    (1) Voir : "Brève histoire de la Charité" (M-R avril 2005).

    (2) La "Fabrique" désigne à Lyon la fabrication et le commerce des étoffes de soie. Le système repose sur deux catégories d'hommes à la fois inséparables et antagonistes. D 'un côté nous avons les "fabricants" qui ne fabriquent rien mais fournissent la soie aux "canuts" et leur reprennent les pièces de tissus en les payants (souvent mal) pour leur travail, Ce sont les "fabricants" qui revendent ensuite l'étoffe. De l'autre côté, nous avons les maîtres ouvriers et ouvriers qui, aidés de leurs femmes et parfois d'apprentis, tissent à domicile sur deux ou trois "métiers" leur appartenant. La "Fabrique" comprend aussi plusieurs métiers liés à la fabrication et souvent occupés par des femmes : Ourdisseuses qui préparent la chaîne sur les métiers, dévideuses qui dévident le fil de soie et le mettent en écheveaux, canetières qui remplissent les canettes etc… (Voir "La Croix-Rousse, brève histoire" M-R 2005-2006)

    (3) Le taffetas est une étoffe de soie mince et tissée comme la toile, un tissus sans envers, dans la fabrication duquel les fils de chaîne lèvent et baissent alternativement, une fois les fils pairs et une fois les impairs. Le mot vient du persan taften qui signifie entrelacer. Le taffetas a été fabriqué à Lyon dès le début du XVIe siècle… (D'après le Larousse du XXe siècle).

    (4) Le satin est une étoffe de soie fine douce et lustrée. L'effet du satin est obtenu par une "armure", ou façon de croisement des fils, particulière et trop compliquée pour être expliquée ici.

    (5) Le "ferrandinier" est le fabricant de "ferrandine" de Ferrand, nom d'un fabricant lyonnais. C'était un tissu en usage aux XVIIe et XVIIIe siècles. On nommait aussi cette étoffe "burail", elle était composé de soie pour la chaîne et de laine pour la trame. Au XVIIe on fit aussi de la ferrandine à trame de poil de chèvre, de fil ou de coton.

    (6) Nous avons ainsi dans l'actuel 5°, rive droite de la Saône : La porte St Georges (5°), Grande cour de St Pierre le Vieux (place disparue, avenue A.Max 5°) Dans l'actuel 1° : rue Neyret, rue des Grands Augustins (des Augustins), rue de la Monnaie (de la Vieille), rue de la Vieille, rue Terraille, montée de St Claude (impasse St Claude), montée des Capucins du Petit Forest (disparue), rue Désirée, quai St Vincent, rue du Bât d'Argent, la Grande Côte, La Pêcherie (quai) Dans l'actuel 2° : rue Groslée, à l'enseigne de St André rue Escorcheboeuf (rue du Port du Temple), rue Ferrandière, rue Bourchanin (Belle-Cordière), rue Raisin (Jean de Tournes), rue Mercière, Grande rue de l'Hôpital (Marcel Rivière), rue Thomassin, rue Paradis (David Girin).

    (7) Pour situer ces paroisses voir : "Les paroisses de Lyon de leur origine à la Révolution, petit tour d' horizon" (M-R 2007).

Marc ROCHET