TARTARAS
D'après les actes paroissiaux 1673-1792

Annexe 2

Charles BOSSUT 1730-1814.

C'est le 12 août 1730 que nous trouvons, dans les registres de Tartaras l'acte de Baptême de Charles Bossut (1) :

Charles BOUSSUT fils de Barthélemi Boussut et de Jeanne Tonneyrieu ses père et mère né hier a été baptisé dans l'église paroissiale de Tartaras par moy curé soussigné ce douzieme aoust mil sept cent trente son parrain a été Charles Boussu son oncle paternel et sa marraine Claudine Condamin femme de Joseph Tonneyrieu mère de la ditte Jeanne qui n'ont signé pour ne savoir de ce enquis en présence des témoins soussignés.
J. MUSSIEU honorable bourgeois Et. (Etienne ?) BOUSSU

Dans les blancs de la même page nous trouvons, rajouté peu après 1781, et de l'écriture de Messire Balthasard Auquier, le texte suivant :

L’acte ci-dessus 1er de cette page est celui de messire l’abbé BOSSUT de l’académie royale des sciences demeurant en 1775 rue des Poulies à Paris. Il est administrateur royal des élèves destinés au génie, il était ci-devant professeur royal des mathématiques et du génie à Mézières, et avait obtenu cette charge royale environ l’an 1752. Plusieurs de ses ouvrages ont été couronnés en plusieurs académies et lui avaient mérité le rang de membre honoraire de celle de Paris dont il est réellement et actuel depuis quelques années. En 1781 l’abbé BOSSUT (Charles) de l’ académie royale des sciences, honoraire et associé libre de l’académie royale d’architecture, de l’institut de Boulogne, de l’académie impériale des sciences de St Petersbourg, était encore inspecteur général des machines et ouvrages hydrauliques des bâtiments du roi.

Essayons de regarder ce destin assez extraordinaire de cet enfant de Tartaras, fils de paysan devenu un grand homme de sciences au siècle de l'Encyclopédie.

La famille de Charles BOSSUT.

Barthélemy, le père, né le 1° janvier 1702, est le premier enfant du remariage d'Anthoine Boussud, le 18 janvier 1701, avec Anthoinette Journoud. (2)

De ce couple naîtront encore 4 enfants : Anthoinette (11/12/1703), Estienne (14/02/1707), Jean (4/04/1709), Claudine (31/05/1713).

Par le premier mariage de son père avec Françoise Mathevon, Barthélemy avait encore un demi-frère, Charles (né vers 1688) et deux demi-sœurs, Colombe (11/02/1696) et Claudine (5/07/1698).

Cette famille BOUSSUT est une famille de paysans installés à Murigneux, hameau situé à l'ouest du bourg de Tartaras. Anthoine est arrivé là pour être fermier au domaine de Mr de Clapisson. Ses fils, à leur mariage, sont dits laboureurs de Murigneux.

Nous ne savons pas d'où venait Anthoine, les Boussu ne sont pas rares dans la région. Le Chevalier Delambre, dans l'éloge de Charles BOSSUT prononcé en 1815, soit un an après sa mort, dit : "Sa famille était originaire du pays de Liège, d'où quelques malheurs l'avaient forcée de s'exiler, vers l'année 1542…", nous laisserons au chevalier la responsabilité de cette affirmation.

Barthélemy meurt le 10 mars 1731 à l'âge de trente ans. (3) Charles son fils n'a alors que sept mois.

Sa mère, était Jeanne Tonneyrieu. N'ayant pas trouvé, à Tataras le mariage de Barthélemy Boussud avec Jeanne Tonneyrieu, c'est le baptême de Charles qui nous renseigne sur l'ascendance de Jeanne.

En effet la marraine de Charles est dite être Claudine Condamin, femme de Joseph Tonneyrieu, mère de Jeanne.
Jeanne Tonneyrieu serait donc fille de Joseph et de Claudine Condamin dont on ne trouve pas les actes de décès à Tartaras.

Madame M-T Gondard-Mary, généalogiste, confirme cette filiation en nous donnant le mariage de Barthélemy Boussut avec Jeanne Thonnerieux le 27 janvier 1728 à La Chapelle- Villars. (4)

Ces patronymes sont très courants dans cette région…
Il y avait d'autres TONNEYRIEUX et CONDAMIN contemporains à Murigneux et pour la plupart aussi fermiers de Mr. de CLAPISSON mais je n'ai pas pu les rattacher à Jeanne.

En parcourant les actes de baptême nous trouvons :
En 1678, un honneste Jean Condamin, fermier au domaine de Mr. de Clapisson
En 1682, un Symphorien Condamin, grangier de Mr Clapisson de la Cour des Aides à Paris.
En 1686, un Jean Condamin, laboureur et vigneron.
En 1686 encore, un Floris Condamin, fermier de Mr. de Clapisson.
En 1690, un Jean Tonneyrieu, Marchand fermier de Mr de Clapisson de Paris.

Nous ne trouvons pas, non plus, à Tartaras l'acte de décès de Jeanne Thonneyrieu, mais les auteurs répètent les uns après les autres qu' elle dut mourir peu d'années après son mari, laissant le petit Charles orphelin vers l'âge de 6 ans…

A Murigneux se trouve encore la maison dite de Jeanne Thonnérieux où serait né Charles Bossut. Une plaque y est apposée sur laquelle on peut lire :


Dans cette maison est né Charles Bossut le 12 août 1730 Mathématicien un des fondateurs de l'hydrodynamique membre de l'Académie des sciences collaborateur de l' Encyclopédie Décédé à Paris le 14 janvier 1814.

Fort heureusement cette maison est restée en l'état, elle mériterait seulement d'être rangée car elle sert de débarras à ses propriétaire voisins qui, très gentiment, me l'ont fait visiter. Cette maison nous dit bien l'origine rurale de Charles Bossut qui dut passer là les premières années de sa vie.

Les premières années à Tartaras.

Rien ne dut différencier le petit Charles des autres enfants de son âge ses cousins et voisins de Murigneux.

A la mort de sa mère, la famille Bossut, très nombreuse, le prit en charge. Son parrain était Charles Bossut, son oncle demi-frère de son père et l'aîné de la famille, mais d'après certains auteurs qui ont écrit sur lui, ce serait en fait son oncle Estienne, frère de son père, qui l'aurait recueilli chez lui et aurait été chargé de sa tutelle. Estienne était laboureur à Murigneux et alors célibataire, mais il se maria le 3 novembre 1739 avec Marie Perrot de qui il eut, entre 1741 et 1758, dix enfants, cinq garçons et cinq filles. Charles avait 9 ans au mariage de son oncle tuteur.

Toujours dans l'éloge par le Chevalier Delambre nous lisons :

"Un oncle paternel lui enseigna les principes de la grammaire et de la langue latine, le familiarisa de bonne heure avec les classiques latins et français, et le mit à 14 ans au collège des Jésuites de Lyon, pour achever son cours d'études."

Mais ceci n'est que belle littérature !
Comment un laboureur, même s'il signait très bien son nom, pourrait se transformer d'un coup professeur de lettres latines et françaises ?

D'autres auteurs, comme Edmond PERRIN et plus récemment Gérard MANET, suggèrent, sans toutefois donner leur source, que l'oncle Estienne confia son neveu Charles au curé pour ses premières études. C'est certainement Messire Auquier, homme cultivé, et non Messire Paurel (Charles n'avait que 6 ans à son départ !), qui dut se charger de cette éducation tant humaniste que religieuse.

Les études au collège de la Trinité à Lyon.

Quand Charles, autour de 14 ans, eut assez appris de son maître, Messire Auquier et la famille Bossut s'entendirent pour envoyer Charles continuer ses études au Collège de la Trinité à Lyon.

Le collège de la Trinité ou grand collège, tenu par les jésuites au bord du Rhône, là où se trouve maintenant le lycée Ampère, était à Lyon qui ne possédait pas d'université, ce qu'il y avait de mieux en matière d'enseignement. C'est à lui qu'étaient confiés comme externes et pensionnaires, les enfants des familles aisées de Lyon ou de la région. (5)

Le prix de cet enseignement n'étant pas à la portée de tous, nous pouvons nous demander comment furent financées les études de Charles.

Il ne semble pas que les familles Bossut, pas toujours propriétaires des terres qu'elles cultivaient et déjà chargées d'enfants, aient été assez riches pour cela. Peut-être Messire Auquier qui avait si bien su éveiller les capacités intellectuelles de Charles et espérait vraisemblablement faire de lui un prêtre, contribua-t-il de ses deniers ? Mais ce n'est là qu'une hypothèse que rien ne permet de vérifier.

Il est plus sûr de croire que, fils unique, Charles se trouvait possesseur d'un héritage géré par son oncle tuteur et que les revenus purent servir à financer sa pension à la Trinité.

Au cours de ses études au collège, en 1750 croit-on, Charles reçut les ordres mineurs, premières étapes vers la prêtrise. Nous avons un portrait de lui en ecclésiastique alors qu'il était, bien plus tard, membre de l' Académie Royale des Sciences. Ce portrait montre que Charles ne renia jamais cet état qui faisait de lui un membre du clergé, sans être prêtre.

Cet entrée dans le "clergé" fut-elle dès le début une marche vers la prêtrise interrompue par la suite où simplement une manière de s'établir dans la société du milieu du XVIII°, comme cela semble s'être pratiqué couramment ? Le doute est permis…

Notons que les séminaires, bien établis à l'époque, dans la mouvance du Concile de Trente, ne prenaient en formation que les sujets désireux de recevoir les ordres majeurs (6) et Charles ne fit jamais de séminaire.

C'est en effet les sciences qui attirèrent plutôt le jeune collégien remarqué et guidé par ses professeurs. Voici ce qu'écrit sur cette période à la Trinité, Ed. Perrin dans "Un compatriote digne de mémoire, l'abbé Charles Bossut" :

"Bossut fit, dans cet établissement alors célèbre, d'excellentes études et y récolta de nombreux prix dans les concours. Mais c'est surtout pour les mathématiques qu'il montra, dès ce moment, ce goût si vif, ces aptitudes si remarquables, qui lui permirent de se faire une place si distinguée parmi les savants du XVIII° siècle."

Un livre de J-B Dumas intitulé "Histoire de l'Académie Royale de Lyon" et paru en 1839, nous apprend que l'enseignement des mathématiques à la Trinité était assuré par le père Béraud, astronome et correspondant de l'Académie et que le père Dumas, aussi astronome, enseignait l'hébreu mais donnait aussi des cours particuliers à Charles.

Il semble bien que ce soit dès ses études à la Trinité que Charles Bossut entretint des relations avec l'Académie de Lyon dont il remporta concours et prix (7).

De même, dès cette époque, d'après Ed. Perrin, il entra en relation épistolaire avec Fontenelle (1657-1757), le précurseur des philosophes du XVII°, alors que celui-ci avait au moins 90 ans…

C'est Fontenelle qui mit en relation Bossut avec d'Alembert (1717-1783), le père, avec Diderot de l'Encyclopédie.

La carrière de l'homme de sciences.

Dans son annotation de l'acte de baptême de Charles Bossut, le curé Auquier signale qu'il fut, vers 1752, professeur royal des mathématiques et du génie à Mézières, puis administrateur royal des élèves destinés au génie, membre de l'académie des sciences à Paris en 1775 et , en 1781, membre honoraire et associé libre de l'Académie Royale d' Architecture, de l'Institut de Bologne, de l'Académie Impériale des Sciences de Saint Petersbourg et encore inspecteur général des machines et ouvrages des bâtiments du roi…

Cette note montre bien que Messire Auquier se tenait au courant de la carrière de son ancien élève… essayons d'en développer le déroulement.

Ayant terminé ses études à Lyon, Bossut fut attiré par Fontenelle à Paris. Là son protecteur le "présenta au géomètre Clairaut et à d'Alembert, qui furent bientôt ses initiateurs dans la science des hautes mathématiques. D'Alembert surtout le prit plus spécialement sous sa protection et devint le guide assidu de ses premiers travaux." (Perrin).

En 1752, Bossut, présenté au Vicomte d'Argenson, alors ministre de la guerre, est nommé professeur de mathématiques à l'Ecole du génie de Mézières.

Après la publication d'un premier ouvrage, un traité sur l' "Usage de la différentiation des paramètres", l' Académie des Sciences accueillit notre professeur de maths comme membre correspondant de d'Alembert, c'était en mai 1753, Bossut n'avait pas 23 ans.

Ed. Perrin écrit, toujours dans "Un compatriote digne de mémoire l'abbé Charles Bossut." :

"Bossut marcha dès ce moment de succès en succès. Il mena de front son enseignement et ses travaux originaux sur la physique, l'hydrodynamique, la mécanique et la géométrie. Il prit part à de nombreux concours académiques, fut couronné plusieurs fois et eut l'inestimable gloire de partager des prix avec des savants tels qu'Euler et Bernouilli…"

Donnons les principales dates de sa carrière :

  • 1768 : Bossut nommé examinateur des élèves du Génie, avec une pension de 3.000 livres, à la place de Camus décédé. Il est nommé la même année adjoint géomètre de l'Académie des Sciences.
  • 1770 : Nommé Associé géomètre.
  • 1773 : Nomination à l'Académie des Sciences de Bologne.
  • 1775 : Bossut se voit attribuée par Turgot la chaire d'hydrodynamique au Louvre.
  • 1777 : Bossut propose un nouveau règlement pour l'Ecole Royale de Mézières.
  • 1783 : Bossut est nommé sous directeur de l'Académie pour l'année.
  • 1784 : Bossut est directeur de l'Académie pour l'année.
  • 1785 : Bossut est pensionnaire de la classe de mécanique.
  • 1794 : Bossut est mis à la retraite.
  • 1795 : Membre de l'Institut pour les mathématiques.
  • 1803 : Rétablissement de Bossut dans son emploi d'examinateur du Génie.
  • 1811 : Les savants logés au Louvre sont expulsés, Bossut reçoit en compensation une pension de 1.000 francs.
  • 1814 : Bossut meurt à Paris, 48 rue des Saints-Pères.
  • 1815 : Eloge par le Chevalier Delambre, secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences.

Les travaux d'un esprit encyclopédique.

Charles BOSSUT prit place, et une place importante, dans le cercle des nombreux savants de cette époque fertile pour les idées, qui précéda la Révolution.

Même si Bossut ne participa pas à la première Encyclopédie dirigée par Diderot et d'Alembert, il n'avait alors que 20 ans, il peut être cependant qualifié d'encyclopédiste. Quand l'Encyclopédie fut refondue en une nouvelle édition : "L'encyclopédie méthodique", Bossut fut chargé de la partie mathématique en trois tomes, et même s'il fut aidé entre autre par Condorcet ou Lalande, il en fut la cheville ouvrière et le rédacteur principal.

Membre de l'Académie des sciences, Charles Bossut était aussi placé au cœur de la recherche scientifique et technique de son époque.

Comme l'écrivent A. Coste et P. Crépel :

"On imagine mal aujourd'hui à quel point l'Académie des sciences, au XVIIIe siècle, est au centre de toute l'information scientifique et technique européenne. Composée de savants souvent jeunes, voire très jeunes, et en pleine activité, elle est consultée sur toutes sortes d'inventions et de découvertes (de mathématiques, d'histoire naturelle ou d'anatomie…), elle donne son avis sur les équations différentielles, les baromètres, l'inoculation de la petite vérole, mais aussi le calcul du prix du pain, les enfants monstrueux, les gilets de sauvetage, les galets du port du Havre et même un âne, puis un singe, prétendument hermaphrodites."
"Bossut est un de ceux qui rédigent le plus de rapports, en particulier sur les questions de mathématiques pures, d'hydrodynamique, de machines."

Savant, Charles Bossut ne fut donc pas seulement un théoricien, il fut aussi et en même temps, comme le montre la liste de ses œuvres, un véritable ingénieur. Ainsi il étudia une nouvelle manière d'employer une chute d'eau comme moteur, le modèle d'un moulin à eau sans roue ou encore celui d'une écluse à sas mobile à plan incliné permettant d'économiser 80% d'eau lors du passage d'un bateau…

Notons encore qu'en 1779, Charles Bossut publia les œuvres complètes de Pascal en 4 volumes, édition comprenant les travaux scientifiques et les œuvres philosophiques.

Toute l'oeuvre de Charles Bossut dont nous allons maintenant dresser la liste, montre bien qu'il était un véritable "encyclopédiste".

Œuvres de Bossut :

  • 1752 : "Mémoire sur l'usge de la différenciation des Paramètres."

  • 1754 Mémoire : "Solution de deux problèmes de géométrie" (le premier est un problème d'équation différentielle, le second consiste à trouver la solidité d'un segment de conoïde parabolique coupé par un plan parallèle à son axe).

  • 1755 : "Nouvelle manière de démontrer les propriétés de la cycloïde".

  • 1758 : L'académie de Lyon propose comme sujet d'un prix de 300 livres : "trouver la figure des pales des rames la plus avantageuse, et déterminer relativement à cette figure la longueur la plus convenable des rames des galères, celles de leurs parties inférieures et extérieures, et la grandeur de leurs pales"… Bossut partage ce prix en 1760 avec deux autres.

  • 1761 : Mémoire sur l'arrimage des navires pour concourir au Prix proposé par l'Académie royale des Sciences pour l'année 1761". Bossut partage le prix avec J-A Euler.

  • 1762 : Prix de l' Académie Royale des Sciences : "Recherches sur les altérations que la résistance de l'éther peut produire dans le mouvement moyen des planètes". d'Alembert fait voter pour Bossut.

  • 1763 : "Traité élémentaire de mécanique et de dynamique".

  • 1764 : "Recherche pour la construction la plus avantageuse des digues" en collaboration avec Viallet, ingénieur des Ponts et Chaussées. Prix de l'Académie de Toulouse.

  • 1766 : "Traité de l'arrimage des vaisseaux". Bossut reçoit une bourse de 2.000 livres.

  • 1768 : "Recherche des lois du mouvement que les fluides suivent dans les conduites de toute espèce", prix de l' Académie de Toulouse.

  • 1769 : "Manière de sommer les suites dont les termes sont des puissances semblables de sinus ou de cosinus d'arcs qui forment une progression arithmétique", mémoire. "Détermination générale de l'effet des roues mues par le choc de l'eau"

  • 1771 : "Traité théorique et expérimental d' hydrodynamique", 2 volumes.

  • De 1772 à 1774 : Publication de son cours en trois volumes : Arithmétique, Algèbre, Géométrie.

  • 1774 : "Recherche sur l'équilibre des voûtes".

  • 1776 : "Nouvelles recherches sur l'équilibre des voûtes en dôme".

  • 1777 : Publication des "Nouvelles expériences sur la résistance des fluides", traité signé par D'Alembert, Bossut et Condorcet.

  • 1778 : Mémoire "Sur le mouvement d'un pendule dont la longueur est variable".

Est-il nécessaire de souligner, après cela, que Bossut était un grand travailleur ?

Charles Bossut et la Révolution.

Il semble bien que Charles Bossut, comme beaucoup d'intellectuels et de gens à l'esprit ouvert, accueillit la Révolution avec sympathie. Ses biographes se plaisent à rapporter les propos d'une lettre qu'il écrivit à M. Beaujolin quand celui-ci fut nommé Maire : "Je juge par là, que vous êtes un excellent patriote et je vous en félicite. Aimez la Révolution et faites la respecter de tout votre pouvoir : elle fera le bonheur des peuples, qui doivent être bien contents d'être délivrés de la dîme, de la gabelle et de mille autre vexation." (8)

Puis vint avec 1793, le temps où les libéraux, comme Bossut, durent déchanter…

En août 1793 l' Académie des Sciences est supprimée, Bossut perd sa fonction d'examinateur et sa chaire d'hydrodynamique…

Ce furent pour lui, comme pour d'autres, des années sombres où il sut se faire oublier tout en reprenant ses œuvres.

A partir de 1795 avec la création de l'Institut, Bossut reprit du service, la même année la toute nouvelle Ecole Poytechnique fit appel à lui comme examinateur de sortie… mais déjà s'annonçait une nouvelle génération à qui il fallait laisser la place. De nouveaux traités paraissaient qui rendaient obsolètes les siens.

En 1809 Charles Bossut est mis à la retraite par décret impérial il est remplacé par M. Lacoix. Après l'avoir demandé à plusieurs reprises, il obtint le maintien de sa pension, il avait… 80 ans !

Conclusion et remerciements.

Sur la place de l'église de Tartaras, place qui porte maintenant le nom de place Charles Bossut, un monument fut élevé et inauguré le 5 juin 1932.

Sur le socle qui supporte un buste de Bossut, signé G. Salendre, nous pouvons lire :

Charles BOSSUT
Mathématicien célèbre
Membre
de l' Académie Royale
né à TARTARAS
1730 -1814

Quand vous irez à Tartaras et passerez devant ce monument, souvenez vous de cet homme, enfant de notre vallée du Gier, il mérite d'être tiré de l'oubli dont l'a trop recouvert le temps qui passe…

En terminant je voudrais remercier Monsieur Yves Chainet de Paris avec qui j'ai longuement correspondu début 2007. Il a su m'intéresser à Charles Bossut et m'a gentiment adressé sa documentation détaillée ci-dessous.

Sources et bibliographie.

- "Eloge de Charles BOSSUT" par M. le Chevalier DELAMBRE (1815).

- "Un compatriote digne de mémoire l'abbé Charles Bossut." par Ed. PERRIN, Association Ripagérienne de Recherche Historique.

- "Charles BOSSUT", un article de Gérard Manet dans "Le Jarez d'hier et d'aujourd'hui N°3" (1984)

- "Quelques dates dans la vie de Charles BOSSUT" par Alain COSTE (1992)

- "Comment imaginer un mathématicien du XVIII° siècle ?" par A. COSTE et P. CREPEL (1994)
Ce texte reprend la plupart des thèmes abordés dans une exposition tenue à Rive-de-Gier et au 26° congrès d'analyse numérique, en 1994.

- A paraître une thèse intitulée : "Un groupe social original, celui constitué par les mathématiciens et les physiciens sous le règne de Louis XVI" de Monsieur Y. CHAINET.

- Voir aussi l'histoire du Collège de la Trinité de Lyon dans le livre de Marie Madeleine COMPERE : "Les collèges français" (CNRS)

 

Notes :

(1) Ce patronyme s'est écrit : BOUSSUD, puis BOUSSU, enfin BOSSUT…

(2) Antoine BOSSUD majeur de la parroisse de Tartaras époux avenir d'une part, et Antoinette JOURNOUD fille légitime de Barthélemy JOURNOUD et de sa femme Philippa BILLAN mesme parroisse espouse avenir d'autre part ayant esté provlamés trois fois n'ayant descouvert aucun empeschement canonique, ont receu la Bénédiction nuptiale, et ont esté unis par le sacrement de mariage en face de l'Eglise par moy soubsigné curé dudit lieu et parroisse ce jourdhuy dix huictiesme janvier mil sept cent un en présence de Jean BOUSSUD père dudcit époux et de Barthélemy JOURNOUD père de ladite espouse et de Antoine JOURNOUD son oncle et de Estienne BOUSSUD frère de l' espoux, Pierre FAUOLLE beau frère de l'espouse et Estienne PERRICHON ont signé. JOURNOUD Estine BOUSSU Pierre FAYOLLE Etiene PERRICHON BAREEYRE Curé dudit (Photo Geneagier 255)

(3) Barthélemi BOUSSU habitant de cette paroisse agé d'environ trente ans décédé le jour d'hier après avoir recû tous ses sacrements a été inhumé dans l'église de la parroisse de Tartaras par moy curé soussigné ce onze mars mil sept cent trente un en présence de Guilaume JOURNOUD et de Vincent PAVIE qui n'ont signé pour ne signé pour ne scavoir de ce enquis. PAUREL Curé (Photo 471)

(4) 27/01/1728 mariage à la Chapelle entre : Barthélemy BOUSSUT fs de + Jean et Antoinette JOURNOUD de Tartaras et Jeanne THONNERIEUX fa de Joseph et Claudine CONDAMIN. Joseph THONNERIEUX, sans doute né à la Chapelle où vivaient ses parents, s’est marié à Longes le 14/02/1708, cm Me ROBERT, Condrieu, le 31/01/1708 entre : Joseph THONNERIEUX fs de Jean et Estiennette FLACHER de la Chapelle et Claudine CONDAMIN fa de Claude et Claudine DEREMILLIEU de Longes. (M-T Gondard-Mary)

(5) Voici ce qu'écrit Marie Madeleine COMPERE dans "Les Collèges français", à propos de celui de la Trinité : "En 1749, le nombre des pensionnaires est de 153 qui serait plus élevé si la maison pouvait en contenir davantage. En l'absence de registre du pensionnat, on ne peut que supposer le caractère du recrutement. Dans son journal, Léonard Michon indique 136 pensionnaires en 1743 "parmi lesquels plus des deux-tiers sont originaires de provinces étrangères et de pays fort éloignés tels que l'Italie, Malte, l'Espagne, Saint-Domingue, la Martinique…" Les noms qui figurent sur les programmes donnent une impression moins vaste en restreignant globalement le recrutement aux régions drainées par la Saône et le Rhône. La clientèle visée est noble et nobiliaire. Les plus huppés bénéficient de chambres particulières "à cheminées, plus grandes que les autres"; il en coûte alors 400 livres de pension pour l'enfant (470 avec les menues fournitures), 450 livres pour le préfet particulier que fournit le collège, et 350 livres pour le valet "si on veut en avoir un particulier", soit 1.200 livres au minimum." Suit une citation du Père Jean CROISET : "outre la langue latine qu'on vous apprend ici et dont on veut que vous ayez une parfaite intelligence, on vous y enseigne tout ce qui peut contribuer à donner un solide mérite et à former un homme instruit de toutes les belles connaissances. Tout ce que les belles lettres renferment de plus utile et de plus curieux, histoire, géographie, poésie, science des médailles, chronologie, blason; tout ce que l'éloquence a de mâle et de plus fleuri, tout ce que les beaux arts ont de noble et de plus digne d'application d'un honnête homme : philosophie, mathématiques, connaissance même des langues étrangères, en un mot tout ce qui peut rendre un jeune homme accompli, tout cela est l'ouvrage de l'éducation qu'on vous donne ici; ce sont là les fruits ordinaires de cette école"

(6) Le séminaire du diocèse de Lyon, séminaire Saint Irénée, se trouvait alors Place Croix Paquet au pied de la Croix Rousse.

(7) Il est vraisemblable que ces prix aidèrent aussi à financer sa pension…

(8) Le maire en question doit être Jean François Beaujolin, maire de Dargoire comme l'atteste l'acte de baptême de son fils, le 29 novembre 1792. La belle mère de J-F BEAUJOLIN s'appelait Antoinette BOSSUT… Le vingt neuf novembre 1792 j'ai baptisé Jean Claude né le vingt six dudit, fils de Jean François BEAUJOLIN citoyen à Dargoire maire de la commune dudit lieu et de Benoite BIGOT son épouse, parrain a été citoyen Claude MUSSIEU de Givord oncle, marraine Dlle Barbe DONNET veuve BEAUJOLIN grand mère de l'enfant qui ont signé avec le père. Barbe DONNET J-F BEAUJOLIN J-B BRET A.BEAUJOLIN BERNOUX ASTIER Curé com.

Marc ROCHET